Tu seras peut-être surpris de l'apprendre, mais la tradition de boire du maté n'est pas exclusive à certains pays d'Amérique du Sud (Argentine, Brésil, Paraguay et Uruguay). En effet, le maté est extrêmement répandu en... Syrie !
La Syrie a depuis longtemps été l’un des importateurs majeurs de maté. La première importation syrienne de yerba maté argentine recensée remonte à 1936 et s'élève à presque 40 tonnes (deuxième pays importateur après la Bolivie).
Aujourd’hui, et ce, malgré les conflits armés qui s’y déroulent, la Syrie reste le premier importateur mondial (hors Amérique du Sud) de yerba maté. En 2017, ce n’est pas moins de 22 500 tonnes qui ont été exportées de l’Argentine vers la Syrie !
Aux premiers abords, le lien entre la Syrie et le maté peut sembler trouble. Mais il existe une explication, et elle est assez simple.
Si les Syriens ont adopté le maté, c’est parce que leur histoire est liée à l’Argentine et au Brésil de par plusieurs vagues d’immigrations.
La première a été déclenchée par de nombreux conflits armés entre 1860 et 1912. Elle a néanmoins été accélérée par la visite de l’Empire Ottoman par l’Empereur du Brésil. Ce dernier, charmé par la culture locale, a encouragé les habitants à venir s’installer dans le sud du Brésil.
La seconde vague d'immigration a eu lieu entre la première et la seconde guerre mondiale et a, encore une fois, été le fruit de conflits : la guerre franco-syrienne en 1920 et la grande révolte syrienne entre 1925 et 1927.
La troisième et dernière vague d’immigration, après la seconde guerre mondiale, fut également provoquée par des guerres : la guerre israélo-arabe de 1948-1949 et la guerre civile du Liban en 1958. Les jeunes de ce pays étant enrôlés dans ces guerres, beaucoup ont fui la violence pendant cette période.
Ces trois vagues d’immigrations vers l’Argentine et le Brésil ont évidemment entraîné un partage de culture et de traditions. Durant toutes ces années, les Syriens d’Amérique du Sud ont pris l’habitude de boire du maté.
Ce n’est pas qu’à partir des années 70 qu’ils ont commencé à retourner massivement en Syrie, lorsque la situation économique et politique du Brésil et de l’Argentine s’est dégradée (coups d'État et dictatures militaires).À la même période, les pays du Moyen-Orient connaissaient un boom pétrolier et économique.
C’est le cumul de ces deux situations qui a entraîné un grand retour au pays. Et ce, avec un souvenir d'Amérique Latine : le maté.
Le maté est globalement préparé de la même manière en Syrie qu’en Amérique du Sud, avec une bombilla et une calebasse à maté. Mais on peut tout de même noter deux différences dans la préparation du maté :
1. Les Syriens remuent la bombilla après avoir versé l’eau chaude dans leur calebasse… Ne jamais faire ça devant un Uruguayen ou un Argentin, cela serait presque considéré comme un sacrilège !
2. Les Syriens nettoient la bombilla entre chaque personne avec un morceau de citron, tandis que les amateurs de maté sud-américains ne nettoient jamais la bombilla entre buveurs. Cela serait même considéré comme antisocial, voire malpoli.